Le Jeu de l’amour et du hasard est une comédie en trois actes et en prose de Marivaux représentée pour la première fois le 23 janvier 1730 par les comédiens italiens à l’hôtel de Bourgogne.
Tout en respectant les codes de bienséance de l’époque – les nobles finiront ensemble, et les « petites gens » de leur côté – Marivaux retourne, dans cette comédie au dialogue étincelant, l’ordre établi, trouble les préjugés et inverse les rapports maîtres-valets. Cette situation engendre complications et quiproquos, et ce sont finalement les femmes, avec les serviteurs, qui se sortent le mieux de cette situation. Ainsi, Lisette est la première à comprendre ce qui se passe, puis elle l’avoue tardivement à Arlequin. Bien après, Silvia se rend à son tour compte de la situation, mais sa fierté l’empêche de l’avouer tout de suite à Dorante. Après quelques problèmes, ce dernier, passablement déconcerté, parvient finalement à vaincre l’orgueil de Silvia.
Mademoiselle Silvia, fille de Monsieur Orgon, attend un prétendant, Dorante, bien qu'elle ne soit pas disposée à se marier, surtout à un jeune homme qu'elle ne connaît pas et qui a été choisi par son père. Elle change de costume et de rôle avec Lisette, sa femme de chambre, afin de pouvoir étudier plus à son aise le caractère de ce prétendant sans se compromettre. Or il se trouve que le fiancé, qui n’a lui-même aucune envie de se marier à n'importe qui, a eu la même idée de changer de costume et de rôle avec son domestique, Arlequin. Il se présente donc chez Monsieur Orgon sous l’apparence d’un serviteur nommé « Bourguignon », tandis que son valet, Arlequin, se fait, quant à lui, passer pour Dorante. Seuls informés du travestissement des jeunes gens, Monsieur Orgon et son fils Mario décident de laisser ses chances au « jeu de l’amour et du hasard », se promettant de s’amuser de la situation.
Dorante et Arlequin arrivent travestis. Pour commencer, le frère de Silvia, Mario, veut que les deux prétendus serviteurs se tutoient, ce qui les gêne bien un peu au début. Sous son déguisement, Dorante trouve Silvia, qu’il croit être une femme de chambre, charmante et lui fait la cour en lui adressant une série de compliments des mieux tournés. Obligée, de son côté, de souffrir ces assiduités pour ne pas se trahir, Silvia finit par y prendre goût et par regretter que le coureur ne soit pas un gentilhomme. Celui-ci, de son côté, est désolé que la prétendue Lisette ne soit qu’une femme de chambre. L’embarras de la jeune fille augmente de voir à un valet tant d’esprit et de distinction. Elle s’en veut à elle-même de continuer la conversation avec lui et ne peut se résoudre à le quitter, tandis que le prétendu maître la choque dès qu’il paraît.
Lisette, quant à elle, est enchantée du faux Dorante et prie Monsieur Orgon, le père, de la dispenser de continuer, parce qu’elle prendra cet amour au sérieux. En effet, dès la seconde entrevue, on s’est dit qu’on s’aime, tout en se prévenant mutuellement qu’il y aura peut-être à en rabattre lorsqu’on se connaîtra mieux. Silvia trouve que Lisette va trop loin avec celui qu’elle suppose le maître ; Lisette, de son côté, fait entendre à Silvia qu’elle-même va bien loin avec le valet. Silvia pleure de colère. Elle ne sait où elle en est et ne se reconnaît pas elle-même. Lorsque le prétendu valet survient, elle veut s’en aller et elle reste. Elle veut le quereller et elle le console. Il se jette à ses pieds et elle lui dit qu’elle l’aimerait si elle le pouvait. Lorsque son père et son frère, qui sont témoins d’une partie de cette scène, la taquinent impitoyablement, elle se fâche. Quand on lui dit qu’il faut chasser ce valet qui est cause de tout le trouble de la maison, elle le défend avec chaleur puis, comme on se moque d’elle, elle demande aussi qu’on le renvoie.Dorante, lassé de ce jeu, avoue tout à Silvia bien qu’il sache qu’il ne peut l’épouser; il ne peut cependant se défendre de l’aimer. Mario, pour le tester encore, lui défend de courtiser celle pour qui il prétend avoir de l'attirance. Dorante est troublé par ce rival et la réponse de Silvia qui ne dément pas les propos de Mario. Sur le point de partir le chagrin au coeur, il ne peut se résigner, et Silvia doucement le pousse à se déclarer. Une fois que Dorante l'a demandée en mariage, le quiproquo se dénoue et les deux couples peuvent se nouer sans entrave.